Nyiki, de son vrai nom Wouter, a été abandonné par des mutins à l'âge de cinq ans, à une tribu côtière. Il a grandi parmi eux et a oublié son passé. C'est vers dix-sept ans que lui viennent des réminiscences de son enfance dans un palais d'Amsterdam.
Extrait :
"Nyiki était étendu sur le dos, il voyait, au-dessus de lui, Oruncha, sa barbiche blanche, et ses yeux métalliques au fond de leurs orbites profondes. Ses cheveux longs, plaqués par la graisse et par un serre-tête de cheveux tressés, luisaient dans la demi-obscurité de la grotte. En travers de son nez et sur son front s’étalaient de larges lignes de kaolin. Le jeune homme avait une confiance absolue en Oruncha, le chamane à la langue percée.
….....
L’homme sage considéra un instant le corps étendu devant lui. Sa couleur et sa constitution singulières parlaient à sa propre étrangeté. Il posa sa main sur son front et s’en sentit proche.
Il déballa avec respect un objet emballé dans des cordes de cheveux enduites d’ocre rouge. C’était une tablette de pierre gravée de signes qui avait été chantée auparavant. Chaque homme présent autour d’eux s’approcha et toucha l’objet, s’enduisant ensuite les bras de l‘ocre qui restait sur leurs doigts. Une sourde mélopée sortit de leurs lèvres. Puis Oruncha peignit autour du nombril de Nyiki le motif du Rêve serpent et posa l’objet rond sur son front. Bercé par la litanie, le jeune homme fixa, au plafond de la grotte, le serpent peint, et celui-ci sembla s’animer tandis que les parois se mettaient à onduler comme un feuillage dans le vent."
Jason, l'homme sage du roman. Personnage droit, honnête, dévoué et instruit, Jason a toujours la Bible en main. Régisseur d'un seigneur de la Compagnie des Indes, âgé de trente-cinq ans, ce qui est déjà vieux pour l'époque, il décide de risquer sa vie pour ramener à son maître l'enfant perdu.
Extrait
« La bête se réveille » se dit Jason en s’agrippant aux haubans. Il désignait ainsi cet élément liquide, imprévu, coléreux qui vivait là, en dessous de la coque de noix qui était devenue son logis depuis quatre mois. Cette eau, hier dormante, immobile, d’un bleu de velours, était la même que ce flot déchaîné, verdâtre qui envoyait des paquets de mer par-dessus la lice. Jamais, il en était certain, il ne s’habituerait aux fureurs soudaines du ciel et de l‘eau. Lui, il avait besoin du déroulement des saisons, de la lenteur de la nature, de l’ordre des événements. D’autres que lui, tout aussi novices, étaient devenus capables de prêter main-forte à l’équipage décimé, mais lui n’était bon à rien, il lui tardait de reprendre pied sur un sol ferme et immobile. Cette terre australe l’attendait comme une terre promise. Là-bas, il redeviendrait lui-même. Il avait dans sa malle toutes sortes de graines qu’il pourrait laisser à ces peuples que Gerritz disait si démunis, il leur montrerait comment semer et cultiver.
Débarquez avec eux sur la Grande terre australe ! TERRA AUSTRALIS, 500 pages, ebook : 3,99 euros, broché : 18 euros.